L’histoire d’un surf hivernal

Quand tous tes amis sont à Bali, quand même ton chat ne va plus dehors à cause du froid, il faut aller surfer.  Coincé dans ton lit un samedi matin en France, désespéré. Il faut aller surfer.

J’allume mon smartphone, je check les prévisions. 1m20, 11 de période et vent modéré. C’est un signe. Je me lève, je regarde les webcams, it’s on ! Après des années d’expérience de surf j’ai développé une technique très particulière afin de résister au froid, ceinture noire de la débrouille voici ma recette :

– Un cintre

– Une serviette

– Un poncho ou une grande serviette

– Un jogging

– Une bière et du courage

Pour commencer je dépose mon armure composée d’une combi, de gants, d’une cagoule et de chaussons encore humides sur le radiateur. Jus d’orange dégusté, Chocapic avalé, je mets un cintre dans la douche et un jogging dans la salle de bain. Pour finir je dépose une serviette sur le pas de ma porte. J’enfile en vitesse mon armure tiède qui hurle d’impatience. Je sors surmotivé vers le monde extérieur hostile. Je charge ma board et le matos dans mon break usé par le sel et les kilomètres, puis je roule direction plein Ouest.

Bon, je laisse quand même passer la mamie qui va toujours faire ses courses le samedi matin à 10h22. Elle me regarde parce que je conduis en combinaison, je la regarde parce qu’elle prend son temps, elle me regarde encore. Bref, je trace.

J’arrive sur le parking curieusement vide, je wax ma planche avec fougue. Je m’équipe et… saperlipopette ma cagoule… aller-retour ? Pollution pour une mauvaise organisation ? Non mes oreilles survivront à l’hiver. Je pars à l’eau. Spectacle toujours grandiose, l’océan, la plage, les vagues.

Session sympathique où chaque canard compte. L’eau est dure, l’air vif. L’ambiance à l’eau est bonne, les vagues funs, sacrée passion. Je retrouve tous mes potes au pic, tout comme le brave Jean Claude qui rame sur chaque ondulation et ne part sur rien.

2 heures plus tard, le froid et la faim prennent le pas sur l’adrénaline du ride. Je rentre vers ma caisse qui n’a pas bougé. Mes doigts engourdis peinent à trouver la clef sous le parechoc. J’installe mon poncho sur le siège conducteur et je roule pour retrouver mon foyer avec le chauffage et la musique à fond. Créneau au frein à main dans ma ruelle, j’active le siège éjectable et je cours avec ce qui me reste de pied vers mon appart’. Je suis tout dégoulinant, je saute sur ma serviette placée à l’entrée et je glisse avec grâce jusqu’à ma douche.

Une fois sous le jet bouillant je décalotte ma seconde peau néoprène que j’étends au cintre calé sur le haut de la porte de douche. Je sors de la douche et j’enfile mon jogging. Je vais caresser mon chat qui n’a pas bougé, je prends une bière et je m’affale sur mon canapé.

Une bonne journée de surf en hiver.

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